- BOUDDHISME - Représentations des Bodhisattva
- BOUDDHISME - Représentations des BodhisattvaLes Bodhisattva sont des «êtres (sattva ) [sur le chemin] de l’Éveil (Bodhi )», c’est-à-dire des futurs Buddha ou des êtres qui, sur le point de devenir des Buddha, y ont renoncé. Dans sa première acception, le terme concerne le Buddha historique, pour la partie de sa vie terrestre qui précède l’Éveil et pour toutes ses existences antérieures (j taka ), ainsi que Maitreya, le Buddha du futur, et les innombrables futurs Buddha du Mah y na. Dans sa seconde acception, il s’applique aux «Grands Bodhisattva» (bodhisattva mah sattva ) du Mah y na qui, altruistes, ont consciemment refusé de «trancher les passions», donc de rompre avec les pratiques mondaines, pour se consacrer au salut des autres êtres. Certains de ces intercesseurs occupent une place considérable dans le bouddhisme et ne sont pas loin de supplanter le Buddha. Parfois pourvus de parèdres, qui ne sont en aucun cas des épouses, ils sont très proches des grands dieux de l’hindouisme avec lesquels ils ont en commun de nombreux traits iconographiques mais qu’ils dominent de leur perfection angélique et généreuse.La vie mondaine de GautamaDès l’épisode de l’abandon des parures, Gautama est figuré sous son aspect définitif de Buddha accompli (mais un corps squelettique commémore parfois les ascèses excessives auxquelles il s’est livré). Auparavant enfant puis jeune prince, il est déjà un être surhumain, ce dont l’iconographie rend parfaitement compte. Les premiers imagiers, pour qui le Buddha est infigurable, nous montrent l’éléphant sous les traits duquel le Bodhisattva pénètre dans le sein de sa mère, mais dès sa naissance ne le représentent plus que par des signes (lotus nés sous ses pas, cheval qu’il monte, charrue qui suscite sa première méditation, etc.). L’invention des images du Buddha s’accompagne de celle des images du Bodhisattva: une protubérance crânienne (u ルユ 稜 ルa ) et parfois un nimbe rappellent qu’il est déjà le «grand homme» (mah puru ルa ) reconnu par un devin à la veille de sa naissance.Les vies antérieures du BuddhaLe Buddha, qui dispose du pouvoir surnaturel de connaître ses existences antérieures (j taka), les a souvent narrées pour édifier son auditoire. Ces récits, qui le montrent sous les incarnations les plus diverses, animales ou humaines, sont pour la plupart des reprises de contes prébouddhiques; la littérature bouddhique en donne plusieurs recensions, la plus importante étant le «Livre des j taka» du canon p li qui rassemble cinq cent quarante-sept récits. Bons supports de la dévotion populaire, ils sont souvent illustrés dans la première imagerie bouddhique, sans qu’aucune contrainte n’entrave la figuration du Bodhisattva, homme ou animal. Par la suite, l’intérêt se concentre surtout sur les dernières vies antérieures, objets de récits élaborés où le Bodhisattva apparaît toujours sous une forme humaine: le plus célèbre est sans conteste l’histoire de Vessantara, apologie de la perfection du don. Les j taka sont illustrés dans tout le monde bouddhique, mais plus particulièrement dans les régions fidèles au canon p li: Sri Lanka, Thaïlande et surtout Birmanie (Pagan, XIe-XIIIe s.). Certaines représentations sont très localisées: le D 稜pa face="EU Updot" 臘karaj taka (absent de la collection p li), qui narre la vie au cours de laquelle le Bodhisattva a reçu de son prédécesseur D 稜pa face="EU Updot" 臘kara la prédiction de sa destinée future, n’est figuré qu’au G ndh ra.Les Grands BodhisattvaGautama, archétype de tous les Buddha, avant ou après son Éveil, et les Bodhisattva des vies antérieures, humains ou animaux, sont des êtres foncièrement «naturels» et «terrestres», ce que traduit leur iconographie. Il n’en est pas de même pour les Grands Bodhisattva du Mah y na, tels Avalokite ごvara ou Mañju ごr 稜, ou, dans une certaine mesure, Maitreya, commun aux deux Véhicules. Si le bouddhisme n’avait récupéré, pour mieux la soumettre, la majorité des divinités du panthéon brahmanique, on pourrait dire que ces Bodhisattva, dont l’activité s’exerce à travers le cosmos hors du temps humain, sont les «dieux» des bouddhistes; la dévotion à leur égard a souvent dérivé dans ce sens et leurs images sont celles de dieux. En effet, aucune tradition historique contraignante censée s’appuyer sur des témoignages oculaires ne dicte leurs traits, qui sont régis par les principes de base de l’iconographie des dieux indiens : la multiplicité des formes que peut revêtir une même divinité et la libération des contraintes anatomiques humaines (multiplication des membres, etc.); ajoutons à cela que le code iconographique de ces Bodhisattva (stations, attitudes, gestes, attributs...), beaucoup plus riche que celui du Buddha, est celui des dieux. Cette parenté n’a rien de surprenant: l’«invention» des Grands Bodhisattva est, en un sens, une réponse au succès des grands dieux de l’hindouisme théiste, Vi ルユu et えiva; leurs premières images ont été élaborées dans des hauts lieux de cet hindouisme comme Mathur . Certains Bodhisattva ne sont d’ailleurs à l’origine que des dieux «bouddhisés»: Vajrap ユi («Qui tient la foudre») emprunte son nom et son attribut éponyme à Indra, le roi des dieux.Les Grands Bodhisattva sont, théoriquement, subordonnés aux Buddha et sont souvent figurés comme leurs acolytes. Cette subordination se traduit aussi par la présence fréquente dans leur coiffure d’une représentation du Buddha particulier dont chacun est l’émanation. Ce signe (souvent l’élément d’identification le plus probant) est normalement une image, mais, dans le cas de Maitreya, c’est le st pa qui représente le Buddha historique auquel il doit succéder. Ce Bodhisattva possède des formes surhumaines à bras multiples, mais il doit sans doute à son caractère de futur Buddha «terrestre» d’être souvent figuré de façon plus humaine avec deux bras: «prince héritier» (kum ra ) du Buddha, il peut porter le triple chignon (tri ごiras ) des jeunes dieux, mais la Chine en fait un personnage rubicond et ventripotent. Son attribut normal est le vase des ascètes (il porte parfois leur vêtement), mais il peut aussi tenir un lotus et faire des gestes divers (mise en route de la roue de la Loi, enseignement, don, etc.).Avalokite ごvara, émanation du Buddha Amit bha dont la figurine en méditation orne sa coiffure, est le plus célèbre des Bodhisattva. «Protecteur de l’Univers» (lokan tha ), son activité inlassable dans ce domaine, détaillée dans le «Lotus de la Bonne Loi» (Saddharmapu ユボarikas tra ) ou dans la «Corbeille [des mérites d’Avalokite ごvara]» (Kara ユボavyuhas tra ) et autres textes du Mah y na, est largement illustrée. «Changeant de forme à son gré» (k mar pin ), il est figuré sous une multitude d’aspects: à deux ou de multiples bras, à une ou plusieurs têtes, divinité féminine (Guanyin; au Japon, Kwannon) dans le bouddhisme chinois, cheval B l ha dans le cadre d’un j taka du Buddha historique «récupéré» à son profit, etc. «Maître de l’Univers» (loke ごvara ), il est le cosmos, et chacun de ses pores est un monde où règne un Buddha, comme le rappellent les statues «irradiantes» (Cambodge, XIIIe s.) où son corps est couvert de Buddha en méditation. Son attribut le plus courant est le lotus (d’où son surnom fréquent de Padmap ni, «Qui tient un lotus»), mais il peut être doté d’une gamme abondante de gestes ou d’attributs empruntés souvent à えiva ou Brahm .Mañju ごr 稜 («Douce Gloire»), appelé aussi Mañjugho ルa («À la douce parole»), porte parfois dans sa coiffure l’image du Buddha Ak ルobhya (faisant le geste de la prise à témoin de la Terre); on le reconnaît plus souvent au lion qui lui sert de monture, au glaive (avec lequel il tranche l’ignorance), au livre (qui contient la Science) et à sa quintuple mèche de cheveux (traitée souvent en tiare à cinq pointes). Il tient de Brahm , mais aussi parfois de Skanda; c’est souvent un jeune prince, mais ses aspects humains ou surhumains sont nombreux et divers, comme ses gestes ou attributs. Il est moins sujet à la dévotion populaire qu’Avalokite ごvara, mais ses images se rencontrent dans tous les pays de Mah y na.Le bouddhisme tardif multiplie les Bodhisattva comme les Buddha, leurs images s’inscrivent alors dans des ma ユボala complexes, et les identifications précises reposent souvent sur les positions respectives des différents personnages.
Encyclopédie Universelle. 2012.